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POEME D'HIER
*POEME D’hier
GENTIL BERNARD
1710 – 1775
A L’AMOUR
Si j’ai su quelquefois dans mes vers séducteurs
Instruire à tes larcins la timide ignorance.
Si j’ai chanté la crainte, et la douce espérance,
Tes combats, tes plaisirs, et tes soins enchanteurs ;
Si dans les jours sacrés, aux autels de ta mère
J »ai porté, jeune encor, mon encens et mes vœux,
Et couronné tes beaux cheveux
De la guirlande qui t’es chère ;
Amour, saisis ton arc, à tes pieds détendu,
Descends du mont Eryx, abandonne Cythère,
Viens, vole, je t’attends ; va dire à ma bergère
Que ce jour doit me rendre à son cœur éperdu !
Tu pares même une infidèle
Aux yeux d’un amant irrité ;
Amour, donne à tes traits une grâce nouvelle
A tous ses mouvements un air de volupté :
De ton haleine pure, ou du vent de ton aile
Rafraîchis cet éclat dont brille sa beauté.
D’un regard languissant, d’un séduisant caprice,
D’un refus enchanteur montre lui le pouvoir ;
Dis ce qu’on peut donner, ce qu’il faut qu’on ravisse,
Ce que tu veux qu’on cache, ou qu’on laisse entrevoir :
D’une aimable rougeur que son front s’embellisse,
Et que je croie encor surmonter son devoir !
Vois tu la vigne tortueuse
Embrasser les ormeaux, et ramper autour d’eux ?
Que plus tendre ce soir, ou plus voluptueuse
Catilie, à l’instant qui nous joindra tous deux,
M’enlace de ses bras, m’entoure de leurs nœuds,
Et de sa dent légère, en redoublant mes feux,
Imprime sur ma bouche une marque amoureuse.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
16h00
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