•  

     

    POEME D'HIER    04/06/2015 R

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    *POEME D’hier

     

     

     

    DORAT

    1734 – 1780

     

     

     

     

     

    LES BAISERS :

    LA FAUSSE PUDEUR 

     

     

     

     

    Pourquoi donc, matrones austères,

    Vous alarmer de mes accents ?

    Vous jeunes filles trop sévères,

    Pourquoi redoutez vous mes chants ?

    Ai-je peint les enlèvements,

    Des passions les noirs orages

    Qui naissent aux cœurs des amants ?

    Je célèbre des jeux paisibles,

    Qu’en vain on semble mépriser,

    Les vrais biens des âmes sensibles,

    Le doux mystère du baiser.

    Ma plume rapide et naïve

    Ecrit ce qu’on sent en aimant :

    L’image n’est jamais lascive,

    Quand elle exprime un sentiment.

    Mais, quelle rougeur imprévue!

    Quoi ! Vous blâmez ces doux loisirs,

    Et n’osez reposer la vue

    Sur le tableau de nos plaisirs !...

     

    Profanes, que l’amour offense,

    Qu’effarouche la volupté,

    La pudeur et sa fausseté,

    Et le baiser son innocence.

    Ah ! Fuyez, fuyez loin de nous ;

    N’approchez point de ma maîtresse :

    Dans ses bras, quand Thaïs me presse,

    Et, par les transports les plus doux,

    Me communique son ivresse,

    Thaïs est plus chaste que vous.

    Ce zèle, ou votre cœur se livre,

    Ce que vous fuyez dans un livre,

    Vous le cherchez dans un amant.

     

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

      

     

      

     


    10 commentaires
  •  

     

     

    *POEME D’hier

      

      

    DE BONNARD

    1744 – 1784

     

     

     

     

     

     

    BILLET DU MATIN

     

     

    O mon amie ! o ma maîtresse !

    En croirai je ces vers charmants

    Et cette prose enchanteresse ?

    Que j’aime ta délicatesse,

    Tes transports, tes vœux, tes serments

    Et tes combats ; et ton ivresse !

    Des pleurs échappés de mes yeux

    Ont mouillé ces vers pleins de charmes ;

    Mais qu’ils étaient délicieux !

    Que de volupté dans les larmes !

    Toi que j’aimerais beaucoup plus

    Si mes feux dès longtemps accrus

    Pouvaient jamais s’accroître encore,

    N’afflige point par tes refus

    L’amant éprouvé qui t’adore.

    N’en crois que nos vœux et nos cœurs :

    Ne mets point l’amour en système.

    Si tu ne dois que des rigueurs

    A l’homme heureux que ton cœur aime,

    Pour qui seront donc tes faveurs ?

    Pour qui seront donc ces caresses,

    Ces appas voilés et secrets,

    Ces baisers d’avant et d’après,

    Ces voluptueuses tendresses

    Qui de l’amour sont les bienfaits ?

    Loin de nous la froide prudence

    Qui veut lire dans l’avenir !

    L’amour, jaloux de sa puissance,

    Saurait peut être nous punir

    D’une funeste prévoyance.

    Au lieu d’accuser ma constance,

    Couronne la par les plaisirs.

    Dans le sein de la jouissance,

    Redoublons encor de désirs ;

    Et puisque, malgré nos soupirs,

    Le sort nous destine à l’absence,

    Ménageons nous des souvenirs.

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J G R C

     

     

     

     


    6 commentaires
  •  

     

     

     

     

     

     

    POÈME  D'HIER

     

    BAUDELAIRE Charles

    1821 – 1867

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    LE LETHE

     

     

    Viens sur mon cœur, âme cruelle et sourde,

    Tigre adoré, monstre aux airs indolents ;

    Je veux longtemps plonger mes

                        doigts tremblants

    Dans l’épaisseur de ta crinière lourde :

     

     

    Dans tes jupons remplis de ton parfum

    Ensevelir ma tête endolorie,

    Et respirer, comme une fleur flétrie,

    Le doux relent de mon amour défunt.

     

     

    Je veux dormir ! Dormir plutôt que vivre !

    Dans un sommeil aussi doux que la mort,

    J’étalerai mes baisers sans remords

    Sur ton beau corps poli comme le cuivre.

     

     

    Pour engloutir mes sanglots apaisés

    Rien ne vaut l’abîme de ta couche ;

    L’oubli puissant habite sur ta bouche,

    Et le Léthé coule dans tes baisers.

     

     

    A mon destin, désormais mon délice,

    J’obéirai comme un prédestiné ;

    Martyre docile, innocent condamné,

    Dont la ferveur attise le supplice.

     

     

    Je sucerai, pour noyer ma rancœur,

    Le népenthès et la bonne ciguë

    Aux bouts charmants de cette gorge aiguë,

    Qui n’a jamais emprisonné de cœur.

     

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

     

     

     

     

    J-G-R-C- 

     

     

     

     

     

     


    20 commentaires
  •  

     

     

     

     

     

    POÈME D’hier

     

    Pontus de TYARD

    1521– 1055

     

     

     

     

     

     

     

    Si C’est

    FIDÉLITÉ…

     

     

     

     

     

        Si c’est fidélité, aimer mieux que la flamme

                    Qui brille en vos beaux yeux me dévore le coeur,              Que des faveurs d’Amours jouissant et vainqueur

    Me laisser dans l’esprit imprimer autre dame :

     

    Si c’est fidélité, le beau trait qui m’entame,

         Bien qu’il me soit cruel, n’estimer que douceur,

              N’asseoir ailleurs qu’en vous le comble de mon heur,

       L’honneur de mon honneur, ni l’âme de mon âme :

     

    Si c’est fidélité, ne vouloir aspirer

    Qu’à ce qu’il vous plaira me laisser désirer,

    Ni me hausser le vol qu’au vouloir de votre aile :

     

    Si c’est fidélité, autant aimer la vie

    Qu’elle vous agréra pour en être servie,

    Je viens ici jurer que je vous suis fidèle.

     

     

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J-G-R-C- 

     

     

     

     

     

     

     


    17 commentaires
  •  

     

     

     

     

    POÈME D’hier

     

    PIERRE  LOUYS

    1870 - 1925

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    PSYCHÉ,

    Ma soeur

     

     

     

     

     

     

    Psyché, ma sœur, écoute, immobile

                                         et frissonne.

    Le bonheur vient, nous touche et nous

                                        parle à genoux.

    Pressons nos mains, sois grave.

           Ecoute encor… personne

    N’est plus heureux ce soir, n’est

                       plus divin que nous.

     

    Une immense tendresse attire

                        à travers l’ombre

    Nos yeux presque fermés, que reste

                                              il encor

    Du baiser qui s’apaise et du soupir

                                    qui sombre ?

    La vie a retourné notre sablier d’or.

     

    C’est notre heure éternelle, éternellement     

                                                 grande,

    L’heure qui va survivre à ce fragile amour

    Comme un voile embaumé de rose

                                      et de lavande

    Conserve après cent ans la jeunesse

                                           d’un jour.

     

    Plus tard, O ma Psyché, quand

                      des nuits étrangères

    Auront passé sur vous qui ne

                       m’attendrez plus

    Quand d’autres, s’il se peut, amie

                           aux mains légères.

    Jaloux de mon prénom, toucherons

                                     vos pieds nus,

     

    Rappelez vous qu’un soir nous

                    vécûmes  ensemble

    L’heure unique ou les dieux

              accordent un instant

    A la tête qui penche, à l’épaule

                                qui tremble

    L’esprit pur de la vie en fuite

                        avec le temps ;

     

    Rappelez vous qu’un soir, couché

                            sur notre couche

    En caressant nos doigts frémissants

                                              s’unir,

    Nous avons échangé de la bouche

                                      à la bouche

    La perle impérissable ou dort

                                le souvenir.

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J-G-R-C- 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    17 commentaires
  •  

     

     

     

    POÈME D’hier

    DE BONNARD

    1744 – 1784

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    ERMIONE

     

     

    Le ciel suave était jonché de pales roses…

    Tes yeux tendres au fond de ton large  chapeau

    Rêvaient : tu flottais toute aux plis d’un grand                                                            manteau

    Et ton cœur, qu’inclinaient d’inexprimables

                                        choses,

     

    Le ciel suave était jonché de pales roses…

    Ne penchait sur mon cœur comme un iris

    sur l’eau.

     

     

    Le ciel suave était jonché de violettes…

    Avec je ne sais quoi dans l’âme de transi,

    Tu souriais,palotte, un sourire aminci ;

    Et ton visage frêle avait sous la violette,

     

    Le ciel suave était jonché de violettes…

    Les tons pastellisés d’une Lawrence adouci.

     

     

    Ce n’était rien ; c’était, dans le soir d’améthyste,

    Des mots, des frolis d’âme en longs regards croisés,

    De la douceur fondue en gouttes de baisers,

    Une étreinte de sœurs, une joie un peu triste,

     

    Ce n’était rien ; c’était, dans le soir d’améthyste,

    Un musical amour sur les sens apaisés.

     

     

    Tu marchais chaste dans la robe de ton âme,

    Que le désir suivait comme un fauve dompté.

    Je respirais parmi le soir, o pureté,

    Mon rêve enveloppé dans tes voiles de femme.

     

    Tu marchais chaste dans la robe de ton âme,

    Et je sentais mon cœur se dissoudre en bonté.

     

     

    Et quand je te quittais, j’emportai de cette heure,

    Du ciel et de tes yeux, de ta voix et du temps,

    Un mystère à traduire en mots inconsistants,

    Le charme d’un sourire indéfini qui pleure,

     

    Et, dans l’âme un écho d’automne qui demeure,

    Comme un sanglot de cor perdu sur les étangs.

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J-G-R-C- 

     

     

     

     

     


    23 commentaires
  •  

     

     

     

     

     

     

     


    POÈME D’hier

     

     

    PIRON 

    1869 - 1773 

     

     




     

     

     

     


    RONDEAU

     

     



     

    Vivent les bruns, en dépit des blondins !
    Vive la brune, en dépit de la blonde !
    Dans tes tournois, dis nous, dieu des jardins,,
    Des deux couleurs laquelle est plus féconde.


    En beaux faits d’arme et gentils paladins !
    Blonde aura bien beaux doigts incarnadins,
    Blonds auront bien jolis airs grenadins :
    Mais quand au point ou ta gloire se fonde,.
     Vivent les bruns !




    Du ciel un jour laissant les citadins,
    Vénus tata des galants de ce monde :
    Pour tous les blonds elle n’eut que dédains,
    Si qu’on l’ouit, en finissant sa ronde,
    Dire tout haut et se plaignant des reins :
    Vivent les bruns !

     

     


     Diffusion François Beauval
    1ér trimestre 1975


     J-G-R-C

     



     

     

     

     


    5 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique