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Par 56 J-G-R-C 77 le 15 Mai 2014 à 00:49
*POÈME D’hier
BAUDELAIRE Charles
1821 – 1867
L’INVITATION
AU VOYAGE
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n’est qu’un ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
A l’âme en secret
La douce langue natale.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde :
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J-G-R-C
18 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 4 Mars 2014 à 00:07
*POEME D’hier
Hélène VACARESCO
1866 – 1947
L’ECRITURE
Dans la douce et fière nature
Tout me charme, tout a du prix :
Aussi j’aime ton écriture
Autant que ce que tu m’écris.
Elle est hautaine, elle est virile,
Fine, élégante, et l’on croirait
Qu’un peu de ta grâce fébrile
Y mêle son furtif attrait.
Rien qu’a la voir, mon cœur en elle
Retrouve ce qu’il aime en toi,
Et chaque lettre me rappelle
Quelque intime et profond émoi.
De tes pensées, de ton sourire,
Ta plume prend le coloris ;
Les mots les plus tristes à lire
Me sont doux quand tu les écris.
Un mot de toi me fait renaître,
Et je pourrais sur mon chemin
Croire au mot de bonheur, peut être,
S’il était écrit de ta main.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
25 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 9 Octobre 2013 à 04:15
*POEME D’hierREGNARD
1655 – 1709
SUR LE MARIAGE
En ce temps malheureux, ou tout le genre humain,
La flamme et le fer a la main,
Ne travaille qu’à se défaire,
On ne saurait trop honorer
Ceux qui, d’humeur plus débonnaire,
Ne cherchent qu’à le réparer
L’hymen pour repeupler la terre,.
Au lieu d’un vain honneur que vous offre la guerre,
Vous donnera de vrais plaisirs.
On ne trouvera point votre nom dans l’histoire :
Mais vivre au gré de ses désirs
Vaut bien mieux qu’une mort avec un peu de gloire.
^pour être heureux époux, soyez toujours amant,
Que, bien plus que le sacrement,
L’amour à jamais vous unisse ;
Et pour faire durer le plaisir entre vous,
Que se soit l’amant qui jouisse
De tout ce qu’on doit a l’époux.
Pour vivre sans débat dans votre domestique,
Vous n’avez qu’un moyen unique ;
Et je vais vous le découvrir.
Ne vous entêtez point d’être chez vous le maître :
Mais si l’on veut bien le souffrir
Contentez vous de le paraître.
Quoi qu’on vous vienne débiter,
Que rien ne vous fasse douter
Que votre épouse est toujours sage ;
Car, sans cet article de foi,
Qu’on doit croire toujours, et souvent malgré soi,
Point de salut en mariage.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
collection personnelle
J-G-R-C
10 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 25 Septembre 2013 à 03:44
*POEME D’hier
BAUDELAIRE Charles
1821 – 1867
LE LETHE
Viens sur mon cœur, âme cruelle et sourde,
Tigre adoré, monstre aux airs indolents ;
Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants
Dans l’épaisseur de ta crinière lourde :
Dans tes jupons remplis de ton parfum
Ensevelir ma tête endolorie,
Et respirer, comme une fleur flétrie,
Le doux relent de mon amour défunt.
Je veux dormir ! Dormir plutôt que vivre !
Dans un sommeil aussi doux que la mort,
J’étalerai mes baisers sans remords
Sur ton beau corps poli comme le cuivre.
Pour engloutir mes sanglots apaisés
Rien ne vaut l’abîme de ta couche ;
L’oubli puissant habite sur ta bouche,
Et le Léthé coule dans tes baisers.
A mon destin, désormais mon délice,
J’obéirai comme un prédestiné ;
Martyre docile, innocent condamné,
Dont la ferveur attise le supplice.
Je sucerai, pour noyer ma rancœur,
Le népenthès et la bonne ciguë
Aux bouts charmants de cette gorge aiguë,
Qui n’a jamais emprisonné de cœur.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J-G-R-C
11 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 7 Juin 2013 à 03:28
*POÈME D'hier
*POÈME D'hier
FRANCIS JAMMES
1868 – 1938
J’AIME DANS LE TEMPS
J’aime dans le temps Clara d’Ellébeuse
L’écolière, des anciens pensionnats,
Qui allait, les soirs chauds, sous les tilleuls
Lire les magazines d’autrefois.
Je n’aime qu’elle, et je sens sur mon cœur
La lumière bleue de sa gorge blanche.
Où est elle ? où était donc ce bonheur ?
Dans sa chambre claire il entrait des branches.
Elle n’est peut être pas encore morte
- ou peut être que nous l’étions tous deux.
La grande cour avait des feuilles mortes
Dans le vent froid des fins d’été très vieux.
Te souviens tu de ces plumes de paon,
Dans un grand vase, auprès de coquillages ?...
On apprenait qu’on avait fait naufrage,
On appelait Terre Neuve : le Banc.
Viens, viens ma chère Clara d’Ellébeuse :
Aimons nous encore si tu existes.
Le vieux jardin a vieilles tulipes.
Viens toute nue,o Clara D’Ellébeuse.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
J’aime dans le temps Clara d’Ellébeuse
L’écolière, des anciens pensionnats,
Qui allait, les soirs chauds, sous les tilleuls
Lire les magazines d’autrefois.
Je n’aime qu’elle, et je sens sur mon cœur
La lumière bleue de sa gorge blanche.
Où est elle ? où était donc ce bonheur ?
Dans sa chambre claire il entrait des branches.
Elle n’est peut être pas encore morte
- ou peut être que nous l’étions tous deux.
La grande cour avait des feuilles mortes
Dans le vent froid des fins d’été très vieux.
Te souviens tu de ces plumes de paon,
Dans un grand vase, auprès de coquillages ?...
On apprenait qu’on avait fait naufrage,
On appelait Terre Neuve : le Banc.
Viens, viens ma chère Clara d’Ellébeuse :
Aimons nous encore si tu existes.
Le vieux jardin a vieilles tulipes.
Viens toute nue,o Clara D’Ellébeuse.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
6 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 31 Mai 2013 à 03:37
*POEME D’hier
Jacques PREVERT
JE SUIS
COMME JE SUIS
1900-1977
Je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Quand j’ai envie de rire
Oui je ris aux éclats
J’aime celui qui m’aime
Est-ce ma faute à moi
Si ce n’est pas le même
Que j’aime chaque fois
Je suis comme je suis
Je suis faites comme ça
Que voulez vous de plus
Que voulez vous de moi.
Je suis faite pour plaire
Et n’y puis rien y changer
Mes talons sont trop hauts
Ma taille trop cambrée
Mes seins beaucoup trop durs
Et mes yeux trop cernés
Et puis après
Qu’est ce que ça peut vous faire
Je suis comme je suis
Je plais à qui je plais.
Qu’est ce que ça peut vous faire
Ce qui m’est arrivé
Oui j’ai aimé quelqu’un
Oui quelqu’un m’a aimée
Comme les enfants qui s’aiment
Simplement savent aimer
Aimer aimer …
Pourquoi me questionner
Je suis la pour vous plaire
Et n’y puis rien changer.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
8 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 14 Mai 2013 à 03:44
*POEME D’hier
Clément MARROT
1496 – 1544
UN JOUR ROBIN
Vint Margot empoigner...
Un jour Robin vint Margot empoigner,
En luy monstrant l’outil de son ouvraige,
Et sur le champ la voulut besogner ;
Mais Margot dit : « vous me feriez oultraige
Il est trop gros et long à l’advantaige.
- Bien dit, Robin, tout en vostre fendasse
Ne le mettray » ; et soudain il l’embrasse,
Et la moytié seulement y transporte.
« Ah ! dit Margot, en faisant la grimace,
Mettez y tout : aussi bien suis –je morte. »
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
20 commentaires
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