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    *POÈME D’hier

     

    BAUDELAIRE Charles

    1821 – 1867

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’INVITATION

    AU VOYAGE

     

     

     

     

     

    Mon enfant, ma sœur,

    Songe à la douceur

    D’aller là bas vivre ensemble !

    Aimer à loisir,

    Aimer et mourir

    Au pays qui te ressemble !

    Les soleils mouillés

    De ces ciels brouillés

    Pour mon esprit ont les charmes

    Si mystérieux

    De tes traîtres yeux,

    Brillant à travers leurs larmes.

     

    Là, tout n’est qu’un ordre et beauté,

    Luxe, calme et volupté.

     

    Des meubles luisants,

    Polis par les ans,

    Décoreraient notre chambre ;

    Les plus rares fleurs

    Mêlant leurs odeurs

    Aux vagues senteurs de l’ambre,

    Les riches plafonds,

    Les miroirs profonds,

    La splendeur orientale,

    Tout y parlerait

    A l’âme en secret

    La douce langue natale.

     

    Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

    Luxe, calme et volupté.

     

    Vois sur ces canaux

    Dormir ces vaisseaux

    Dont l’humeur est vagabonde :

    C’est pour assouvir

    Ton moindre désir

    Qu’ils viennent du bout du monde.

     

    Les soleils couchants

    Revêtent les champs,

    Les canaux, la ville entière,

    D’hyacinthe et d’or ;

    Le monde s’endort

    Dans une chaude lumière.

     

    Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

    Luxe, calme et volupté.

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J-G-R-C

     

     

     

     


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    *POEME D’hier

     

    Hélène VACARESCO

    1866 – 1947

     

     

     

     

     

    L’ECRITURE

     

     

     

     

     

    Dans la douce et fière nature

    Tout me charme, tout a du prix :

    Aussi j’aime ton écriture

    Autant que ce que tu m’écris.

     

     

    Elle est hautaine, elle est virile,

    Fine, élégante, et l’on croirait

    Qu’un peu de ta grâce fébrile

    Y mêle son furtif attrait.

     

     

    Rien qu’a la voir, mon cœur en elle

    Retrouve ce qu’il aime en toi,

    Et chaque lettre me rappelle

    Quelque intime et profond émoi.

     

     

    De tes pensées, de ton sourire,

    Ta plume prend le coloris ;

    Les mots les plus tristes à lire

    Me sont doux quand tu les écris.

     

     

    Un mot de toi me fait renaître,

    Et je pourrais sur mon chemin

    Croire au mot de bonheur, peut être,

    S’il était écrit de ta main.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

     


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    *POEME D’hier

    REGNARD

    1655 – 1709


    SUR LE MARIAGE

    En ce temps malheureux, ou tout le genre humain,
    La flamme et le fer a la main,
    Ne travaille qu’à se défaire,
    On ne saurait trop honorer
    Ceux qui, d’humeur plus débonnaire,
    Ne cherchent qu’à le réparer

    L’hymen pour repeupler la terre,.
    Au lieu d’un vain honneur que vous offre la guerre,
    Vous donnera de vrais plaisirs.
    On ne trouvera point votre nom dans l’histoire :
    Mais vivre au gré de ses désirs
    Vaut bien mieux qu’une mort avec un peu de gloire.

    ^pour être heureux époux, soyez toujours amant,
    Que, bien plus que le sacrement,
    L’amour à jamais vous unisse ;
    Et pour faire durer le plaisir entre vous,
    Que se soit l’amant qui jouisse
    De tout ce qu’on doit a l’époux.

    Pour vivre sans débat dans votre domestique,
    Vous n’avez qu’un moyen unique ;
    Et je vais vous le découvrir.
    Ne vous entêtez point d’être chez vous le maître :
    Mais si l’on veut bien le souffrir
    Contentez vous de le paraître.

    Quoi qu’on vous vienne débiter,
    Que rien ne vous fasse douter
    Que votre épouse est toujours sage ;
    Car, sans cet article de foi,
    Qu’on doit croire toujours, et souvent malgré soi,
    Point de salut en mariage.

    Diffusion François Beauval
    1ér trimestre 1975


    collection personnelle
    J-G-R-C








      

      

     


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    *POEME D’hier

     

    BAUDELAIRE Charles

    1821 – 1867

     

     

     

     

     

     

    LE LETHE

     

     

    Viens sur mon cœur, âme cruelle et sourde,

    Tigre adoré, monstre aux airs indolents ;

    Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants

    Dans l’épaisseur de ta crinière lourde :

     

     

    Dans tes jupons remplis de ton parfum

    Ensevelir ma tête endolorie,

    Et respirer, comme une fleur flétrie,

    Le doux relent de mon amour défunt.

     

     

    Je veux dormir ! Dormir plutôt que vivre !

    Dans un sommeil aussi doux que la mort,

    J’étalerai mes baisers sans remords

    Sur ton beau corps poli comme le cuivre.

     

     

    Pour engloutir mes sanglots apaisés

    Rien ne vaut l’abîme de ta couche ;

    L’oubli puissant habite sur ta bouche,

    Et le Léthé coule dans tes baisers.

     

     

    A mon destin, désormais mon délice,

    J’obéirai comme un prédestiné ;

    Martyre docile, innocent condamné,

    Dont la ferveur attise le supplice.

     

     

    Je sucerai, pour noyer ma rancœur,

    Le népenthès et la bonne ciguë

    Aux bouts charmants de cette gorge aiguë,

    Qui n’a jamais emprisonné de cœur.

     

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J-G-R-C

     


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    *POÈME  D'hier

     

     

     

     

     

     

    *POÈME  D'hier

     

    FRANCIS  JAMMES

     

    1868 – 1938

     

     

     

     

     

     

    J’AIME DANS LE TEMPS

     

     

    J’aime dans le temps Clara d’Ellébeuse

    L’écolière, des anciens pensionnats,

    Qui allait, les soirs chauds, sous les tilleuls

    Lire les magazines d’autrefois.

     

     

    Je n’aime qu’elle, et je sens sur mon cœur

    La lumière bleue de sa gorge blanche.

    Où est elle ? où était donc ce bonheur ?

    Dans sa chambre claire il entrait des branches.

     

     

    Elle n’est peut être pas encore morte

    - ou peut être que nous l’étions tous deux.

    La grande cour avait des feuilles mortes

    Dans le vent froid des fins d’été très vieux.

     

     

    Te souviens tu de ces plumes de paon,

    Dans un grand vase, auprès de coquillages ?...

    On apprenait qu’on avait fait naufrage,

    On appelait Terre Neuve : le Banc.

     

     

    Viens, viens ma chère Clara d’Ellébeuse :

    Aimons nous encore si tu existes.

    Le vieux jardin a vieilles tulipes.

    Viens toute nue,o Clara D’Ellébeuse.

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J G R C

     

     

     

     

     

    J’aime dans le temps Clara d’Ellébeuse

    L’écolière, des anciens pensionnats,

    Qui allait, les soirs chauds, sous les tilleuls

    Lire les magazines d’autrefois.

     

     

    Je n’aime qu’elle, et je sens sur mon cœur

    La lumière bleue de sa gorge blanche.

    Où est elle ? où était donc ce bonheur ?

    Dans sa chambre claire il entrait des branches.

     

     

    Elle n’est peut être pas encore morte

    - ou peut être que nous l’étions tous deux.

    La grande cour avait des feuilles mortes

    Dans le vent froid des fins d’été très vieux.

     

     

    Te souviens tu de ces plumes de paon,

    Dans un grand vase, auprès de coquillages ?...

    On apprenait qu’on avait fait naufrage,

    On appelait Terre Neuve : le Banc.

     

     

    Viens, viens ma chère Clara d’Ellébeuse :

    Aimons nous encore si tu existes.

    Le vieux jardin a vieilles tulipes.

    Viens toute nue,o Clara D’Ellébeuse.

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J G R C

     

     

     


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    *POEME D’hier

     

    Jacques PREVERT

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    JE SUIS

     

    COMME JE SUIS

     

    1900-1977

     

     

     

    Je suis comme je suis

    Je suis faite comme ça

    Quand j’ai envie de rire

    Oui je ris aux éclats

    J’aime celui qui m’aime

    Est-ce ma faute à moi

    Si ce n’est pas le même

    Que j’aime chaque fois

    Je suis comme je suis

    Je suis faites comme ça

    Que voulez vous de plus

    Que voulez vous de moi.

     

    Je suis faite pour plaire

    Et n’y puis rien y changer

    Mes talons sont trop hauts

    Ma taille trop cambrée

    Mes seins beaucoup trop durs

    Et mes yeux trop cernés

    Et puis après

    Qu’est ce que ça peut vous faire

    Je suis comme je suis

    Je plais à qui je plais.

     

    Qu’est ce que ça peut vous faire

    Ce qui m’est arrivé

    Oui j’ai aimé quelqu’un

    Oui quelqu’un m’a aimée

    Comme les enfants qui s’aiment

    Simplement savent aimer

    Aimer aimer …

    Pourquoi me questionner

    Je suis la pour vous plaire

    Et n’y puis rien changer.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J G R C

     

     

     


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    *POEME D’hier

      

    Clément MARROT

      

    1496 – 1544

     

     

     

     

     

     

     

     

    UN JOUR ROBIN

     

    Vint Margot empoigner...

     

     

     

     

     

     

    Un jour Robin vint Margot empoigner,

     

    En luy monstrant l’outil de son ouvraige,

     

    Et sur le champ la voulut besogner ;

     

    Mais Margot dit : « vous me feriez oultraige

     

    Il est trop gros et long à l’advantaige.

     

    - Bien dit, Robin, tout en vostre fendasse

     

    Ne le mettray » ; et soudain il l’embrasse,

     

    Et la moytié seulement y transporte.

     

    « Ah ! dit Margot, en faisant la grimace,

     

    Mettez y tout : aussi bien suis –je morte. »

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J G R C

     

     

     

     

     


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