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Par 56 J-G-R-C 77 le 4 Mars 2012 à 16:00
*POEME D’hier
MOLINET Jean
+ 1507
CESTE FILLETTE
Ceste fillette à qui le tétin poinct,
Qui est tant gente et a les yeulx si vers,
Ne luy soyez ne rude ne pervers,
Mais la traictez doulcement et à poinct.
Despouillez vous et chemise et pour poinct
Et la gectez sur ung lict à l’envers,
Ceste fillette.
Après cela, si vous estes en poinct,
Accollez la de long et de travers,
Et si elle a les deux genoulx ouvers
Donnez dedans et ne l’espargnez poinct,
Ceste fillette.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
16h00
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Par 56 J-G-R-C 77 le 26 Février 2012 à 16:00
*POEME D’hier
BAUDELAIRE Charles
1821 – 1867
DON JUAN
AUX ENFERS
Quand Don Juan descendit vers l’onde souterraine
Et lorsqu’il eut donné son obole a Charon.
Un sombre mendiant, l’œil fier comme Antisthène,
D’un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.
Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.
Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,
Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant
Montrait à tous les morts errant sur les rivages
Le fils audacieux qui railla son front blanc.
Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire,
Près de l’époux perfide et qui fut son amant,
Semblait lui réclamer un suprême sourire
Où brillait la douceur de son premier serment.
Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre
Se tenait à la barre et coupait le flot noir;
Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,
Regardait le sillage et ne daignait rien voir.
diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J-G-R-C
16h00
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Par 56 J-G-R-C 77 le 20 Février 2012 à 10:00
* POÈME D’hier
JAMMES Francis
1868 - 1938
TU SERAS NUE…
Tu seras nue dans le salon aux vieilles choses,
Fine comme un fuseau de roseau de lumière,
Et les jambes croisées, auprès du feu rose,
Tu écouteras l’hiver.
A tes pieds, je prendrais dans mes bras tes genoux.
Tu souriras, plus gracieuse qu’une branche d’osier,
Et, posant mes cheveux à ta hanche douce,
Je pleurerais que tu sois si douce.
Nos regards orgueilleux se feront bons pour nous,
Et, quand je baiserais ta gorge, tu baisseras
Les yeux en souriant vers moi et laisseras
Fléchir ta nuque douce.
Puis, quand viendra la vieille servante malade
et fidèle
Frapper à la porte en nous disant : le dîner est servi,
Tu auras un sursaut rougissant, et ta main frêle
Préparera ta robe grise.
Et tans dis que le vent passera sous la porte,
Que ta pendule usée sonnera mal,
Tu mettras tes jambes au parfum d’ivoire
Dans leurs petits étuis noirs.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
10h00
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Par 56 J-G-R-C 77 le 18 Février 2012 à 16:00
*POEME D’hier
Henri de REGNIER
1864 – 1936
ELVIRE AUX
YEUX BAISSES
Quand le désir d’amour écarte ses genoux
Et que son bras plié jusqu’à sa bouche attire,
Tout à l’heure si clairs, si baissés et si doux,
On ne reconnaît plus les chastes yeux d’Elvire.
Eux qui s’attendrissaient aux roses du jardin
Et cherchaient une étoile à travers le feuillage,
Leur étrange regard est devenu soudain
Plus sombre que la nuit et plus noir que l’orage.
Toute Elvire à l’amour prend une autre beauté,
D’un souffle plus ardent s’enfle sa gorge dure,
Et son visage implore avec félicité
La caresse trop longue et le plaisir qui dure…
C’est en vain qu’à sa jambe elle a fait, sur sa peau,
Monter le bas soyeux et que la cuisse ajuste,
Et qu’elle a, ce matin avec un soin nouveau,
Paré son jeune corps délicat et robuste.
La robe, le jupon, le linge, le lacet,
Ni la boucle ne l’ont cependant garantie
Contre ce feu subtil, langoureux et secret
Qui la dresse lascive et l’étend alanguie.
Elvire ! Il a fallu, pleine de déraison,
Qu’au grand jour, a travers la ville qui vous guette,
Peureuse, vous vinssiez obéir aux frissons
Qui brûlait sourdement votre chair inquiète ;
Il a fallu laisser tomber de votre corps
Le corset au long busc et la souple chemise
Et montrer à des yeux, impurs en leurs transports,
Vos yeux d’esclave heureuse, accablée et soumise.
Car, sous le rude joug de l’amour souverain,
Vous n’êtes plus l’Elvire enfantine et pudique
Qui souriait naïve aux roses du jardin
Et qui cherchait l’étoile au ciel mélancolique.
Maintenant le désir écarte vos genoux,
Mais quand, grave, contente, apaisée et vêtue,
Vous ne serez plus la, vous rappellerez vous
Mystérieusement l’heure ou vous étiez nue ?
Non ! Dans votre jardin, doux a vos pas lassés,
Ou, parmi le feuillage, une étoile palpite,
De nouveau, vous serez Elvire aux yeux baissés
Que dispense l’oubli du soin d’être hypocrite.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
16h00
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Par 56 J-G-R-C 77 le 16 Février 2012 à 16:00
*POEME D’hier
REGNIER Henri de
1864 – 1936
SI JE VOUS DIS,
CE SOIR.
Si je vous dis, ce soir, en respirant ces roses
Qui ressemblent au sang que l’on répand pour lui:
L’amour est la dans l’ombre et son pied nu se pose
Sur le rivage obscur du fleuve de la nuit.
Si je vous dis : l’amour est ivre et taciturne
Et son geste ambigu nous trompe, car souvent
Il écrase une grappe au bord rougi de l’urne
Dont il verse la cendre aux corbeilles du vent.
Successif ouvrier de bonheur et de peine,
Il ourdit tour à tour sur le meme fuseau
Les deux fils alternés de l’une et l’autre laine
Qu’il emmèle,débrouille et confond de nouveau.
Prenez garde, l’amour est vain et n’est qu’une ombre,
Qu’il soit nu de lumière ou soit drapé de nuit,
Et redoutez sa vue étincelante ou sombre
Lorsque sur le chemin vous passez près de lui.
Fermez vos yeux prudents si vous croyez l’entendre
Marchez sur l’herbe douce ou sur le sable amer,
Pour écouter en vous gronder et se répandre
Le bruit de la foret et le bruit de la mer.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
Collection personnelle
J-G-R-C
16h00
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Par 56 J-G-R-C 77 le 13 Février 2012 à 10:00
*POEME D’hier
DORAT
1734 - 1780
J’AI DES MOEURS
Oui, quoiqu’au siècle dix huitième,
J’ai des mœurs, j’ose m’en vanter.
Je sais chérir et respecter
La femme de l’ami qui m’aime.
Si sa fille a de la beauté,
C’est une rose que j’envie ;
Mais la rose est en sûreté
Quand l’amitié me la confie.
Apres quelques faibles soupirs,
Je me fais une jouissance
De sacrifier mes désirs ;
Et ne veux pas que mes plaisirs
Coûtent les pleurs de l’innocence.
Mais il est des femmes de bien,
Femmes, qui plus est, d’importance
(Et, dieu merci, sans conséquence),
Qui, pour peu qu’on ait un maintien,
Vous traitent avec indulgence,
Et vous dégagent du lien
D’une gothique bienséance.
De ces dames là, j’en conviens,
J’use ou j’abuse en conscience
Sans jamais me reprocher rien ;
Le mari même m’en dispense.
Je sais trop ce que l’on leur doit
Pour me permettre un sot scrupule ;
C’est une bague qui circule
Et que chacun met à son doigt.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
10h00
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Par 56 J-G-R-C 77 le 8 Février 2012 à 16:00
*POEME D’hier
BAUDELAIRE Charles
1821 – 1867
LA BEAUTE
Je suis belle, o mortels ! comme un reve de pierre,
Et mon sein, ou chacun s’est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.
Je trone dans l’azur comme un sphinx incompris;
JH’unis un cœur de neige a la blancheur des cygnes;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.
Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j’ai l’air d’emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d’austères études;
Car j’ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles:
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles!
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J-G-R-C
16h00
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