Par 56 J-G-R-C 77
POEME D’hier
NIZET Marie
1859 - 1922
LA TORCHE
Je vous aime, mon corps, qui futes son désir,
Son champ de jouissance et son jardin d’extase
Où se retrouve encor le gout de son plaisir
Comme un rare parfum dans un précieux vase.
Je vous aime, mes bras, qui mettiez à son cou
Le souple enlacement des languides tendresses.
Je vous aime, mes doigts experts, qui saviez où
Prodiguez mieux le lent frolement des caresses.
Je vous aime, mon cœur, qui scandiez à grands coups
Le rythme exaspéré des amoureuses fièvres,
Et mes pieds nus noués aux siens et mes genoux
Rivés à ses genoux et ma peau sous ses lèvres…
Je vous aime, ma chair, qui faisiez à sa chair
Un tabernacle ardent de volupté parfaite
Et qui preniez de lui le meilleur, le plus cher,
Toujours rassasiée et jamais satisfaite.
Je suis le temple vide où tout culte a cessé
Sur l’inutile autel déserté par l’idole ;
Je suis le feu qui danse à l’âtre délaissé,
Le brasier qui n’échauffe rien, la torche folle...
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
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