Par 56 J-G-R-C 77
*POEME D’hier
DE BONNARD
1744 – 1784
BILLET DU MATIN
O mon amie ! o ma maîtresse !
En croirai jeces vers charmants
Et cette prose enchanteresse ?
Que j’aime ta délicatesse,
Tes transports, tes vœux, tes serments
Et tes combats ; et ton ivresse !
Des pleurs échappés de mes yeux
Ont mouillé ces vers pleins de charmes ;
Mais qu’ils étaient délicieux !
Que de volupté dans les larmes !
Toi que j’aimerais beaucoup plus
Si mes feux dès longtemps accrus
Pouvaient jamais s’accroître encore,
N’afflige point par tes refus
L’amant éprouvé qui t’adore.
N’en crois que nos vœux et nos cœurs :
Ne mets point l’amour en système.
Si tu ne dois que des rigueurs
A l’homme heureux que ton cœur aime,
Pour qui seront donc tes faveurs ?
Pour qui seront donc ces caresses,
Ces appas voilés et secrets,
Ces baisers d’avant et d’après,
Ces voluptueuses tendresses
Qui de l’amour sont les bienfaits ?
Loin de nous la froide prudence
Qui veut lire dans l’avenir !
L’amour, jaloux de sa puissance,
Saurait peut être nous punir
D’une funeste prévoyance.
Au lieu d’accuser ma constance,
Couronne la par les plaisirs.
Dans le sein de la jouissance,
Redoublons encor de désirs ;
Et puisque, malgré nos soupirs,
Le sort nous destine à l’absence,
Ménageons nous des souvenirs.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
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