Par 56 J-G-R-C 77
*poeme D’hier
FRANCOIS VILLON
1431 - vers – 1480
BALLADE à S’AMIE
Fausse beauté qui tant me coûte cher,
Rude en effet, hypocrite douceur,
Amour dure plus que fer à macher
Nommer que puis de ma défaçon seur (1).
Cherme félon, la mort d’un pauvre cœur,
Orgueil mussé (2) qui gens met au mourir,
Yeux sans pitié, ne veut droit de rigueur
Sans empirer (3), un pauvre secours ?
Mieux m’eut valu avoir été sercher
Ailleurs secours, c’eut été mon honneur ;
Rien ne m »eut su lors de ce fait hacher (4)
Trotter m’en faut en fuite et déshonneur.
Haro, haro (5), le grand et le mineur !
Et qu’est ceci ? Mourrai sans coup férir ?
Où pitié veut, selon cette teneur,
Sans empirer, un pauvre secourir ?
Un temps viendra qui ferra dessécher
Jaunir, flétrir votre épanie fleur ;
Je m’en risse, si lors pusse mâcher,
Las ! Mais nenni, ce serait donc foleur (6)
Vieil je serai, vous laide, sans couleur ;
Or buvez fort, tant que tu peux courir ;
Ne donnez pas à tous cette douleur,
Sans empirer, un pauvre secourir.
Prince amoureux, des amants le graigneur (7).
Votre mal gré ne voudrait encourir.
Mais tout franc cœur doit, pas notre seigneur,
Sans empirer, un pauvre secourir.
(1) Sur de ma destruction.
(2) Caché.
(3) Sans aggraver son mal.
(4) Souffrir.
(5) A l’aide !
(6) Folie.
(7) Le plus grand.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
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