Par 56 J-G-R-C 77
*POEME D’hier
DORAT
1734 - 1780
J’AI DES MOEURS
Oui, quoiqu’au siècle dix huitième,
J’ai des mœurs, j’ose m’en vanter.
Je sais chérir et respecter
La femme de l’ami qui m’aime.
Si sa fille a de la beauté,
C’est une rose que j’envie ;
Mais la rose est en sûreté
Quand l’amitié me la confie.
Apres quelques faibles soupirs,
Je me fais une jouissance
De sacrifier mes désirs ;
Et ne veux pas que mes plaisirs
Coûtent les pleurs de l’innocence.
Mais il est des femmes de bien,
Femmes, qui plus est, d’importance
(Et, dieu merci, sans conséquence),
Qui, pour peu qu’on ait un maintien,
Vous traitent avec indulgence,
Et vous dégagent du lien
D’une gothique bienséance.
De ces dames là, j’en conviens,
J’use ou j’abuse en conscience
Sans jamais me reprocher rien ;
Le mari même m’en dispense.
Je sais trop ce que l’on leur doit
Pour me permettre un sot scrupule ;
C’est une bague qui circule
Et que chacun met à son doigt.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
10h00
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