Par 56 J-G-R-C 77
*POEME d' hier
MERRILL STUART
1863 - 1915
CHAMBRE D’AMOUR
Dans la chambre qui fleure un peu la bergamote
Ce soir, lasse, la voix de l’ancien clavecin
Chevrote des refrains enfantins de gavotte.
Eteintes par sa main pour quelques doux dessein
D’amour, voici qu’enfin les lampes vespérales
Fument au bruit de l’eau tintant dans le bassin,
Au bruit de l’eau qui brille en des lueurs lustrales
A travers les rideaux roidis de pourpre et d’or
Dont le frêle état croule aux fenêtres claustrales.
C’est déroutant au mur un vaporeux décor,
La pastorade peinte aux pimpantes images
Ou des jeux et des ris s’éparpille l’essor.
Sur les divans fanés en leurs riants ramages
Les coussins semblent lourds de l’oubli des absents,
Et du bleu baldaquin s’éplorent des plumages.
Seul, un éventail chu des doigts jadis lassants
Présage le retour inespéré de celle
Dont l’automne a pâli les charmes languissants.
Soudain c’est le rayon doux d’un rubacelle,
Un chuchotis de voix disant de doux remords,
Et le baiser de ceux que la vie ensorcelle
Dans la chambre ou, le soir, s’aimèrent tant de morts !
diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
D 22 /01/2012
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