-
Par 56 J-G-R-C 77 le 14 Février 2013 à 03:26
*POEME D’hier
NIZET Marie
1859 - 1922
LA BOUCHE
Ni sa pensée, en vol vers moi par tant de lieues.
Ni le rayon qui court sur son front de lumière,
Ni sa beauté de jeune dieu qui la première
Me tenta, ni ses yeux - ces deux caresses bleues ;
Ni son cou ni ses bras, ni rien de ce qu’on touche,
Ni rien de ce qu’on voit de lui ne vaut sa bouche
Où l’on meurt de plaisir et qui s’acharne à mordre ;
Sa bouche de fraicheur, de délices, de flammes,
Fleur de volupté, de luxure et de désordre,
Qui vous vide le cœur et vous boit jusqu’à l’ame…
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
43 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 17 Janvier 2013 à 03:23
*POEME D’hier
SAMAIN Albert
1858 – 1900
L’HERMAPHRODITE
Vers l’archipel limpide, où se mirent les iles,
L’hermaphroditenu, le front ceint de jasmin,
Epuise ses yeux verts en un rêve sans fin ;
Et sa souplesse torse empruntée aux reptiles,
Sa cambrure élastique, et ses seins érectiles
Suscitent le désir de l’impossible hymen.
Et c’est le monstre éclos, exquis et surhumain,
Au ciel supérieur des formes plus subtiles.
La perversité rode ce ses courts cheveux blonds.
Un sourire éternel, frère des soirs profonds,
S’estompe en velours d’ombre à sa bouche imbigùe :
Et sur ses pales chairs se traîne avec amour
L’ardent soleil païen, qui l’a fait naître un jour
De ton écume d’or, o beauté suraiguë.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
32 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 3 Janvier 2013 à 03:25
*POEME D’HIER
Geneviève de SAINTOGE
1650 – 1718
CONTE
Un jeune cavalier, plus vif qu’on ne peut croire,
Fait pour les jeux, et les ris,
Fourni de bonnes dents - cela sert à l’histoire –
Etait un jour près de Chloris.
Il lui dit d’un air agréable
Qu’elle est une dame à manger,
Qu’en la mordant du moins il veut se soulager.
Votre mâchoire est redoutable,
Dit elle, pour d’autres que moi,
Je suis trop ferme et trop dodue
Pour être pincée ou mordue :
Malgré vous et vos dents je ne sens nul effroi.
A ce défi de la belle,
Il se jette à ses pieds et, se penchant sur elle,
Il mord à travers sa jupe de velours.
Contre de telles dents il n’est aucun secours :
Elle en ressent une atteinte cruelle,
Elle crie, elle est en courroux.
A notre cavalier ses cris paraissent doux :
Je, dit il, naître son espérance,
Je vois que l’on n’a pas toujours la fermeté
Dont on s’était vanté ;
Je pourrai mordre un jour sur votre indéfférence.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J G R C
4 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 17 Septembre 2012 à 07:48
*POEME D’hierChristine de PISAN
1364 – 1430
BALLADE
Seulette suis et seulette veux etre,
Seulette m’a mon doux ami laissée,
Seulette suis sans compagnon ni maitre,
Seulette suis dolente et courroucée (1),
Seulette suis en langueur mésaisée(2),
Seulette suis plus que nulle égarée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Seulette suis a huis ou à fenetre,
Seulette suis en un anglet mucée (3),
Seulette suis pour moi de pleurs repaitre,
Seulette suis, dolente ou apaisée,
Seulette suis, rien n’est qui tant me siée,
Seulette suis en ma chambre enserrée,
Seulette suis sans ami demeurée,
Seulette suis partout et en tout estre.
Seulette suis, que j’aille ou que je siée,
Seulette suis plus qu’un autre rien terrestre,
Seulette suis de chacun délaissée,
Seulette suis durement abaissée,
Seulette suis souvent tout épleurée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Princes, or est ma douleur commencée:
Seulette suis de tout deuil menacée,
Seulette suis plus tainte que morée.
Seulette suis sans ami demeurée.
(1) Chagrinée
(2) mal a l’aise
(3) cachée
(4) plus sombre que brune
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J-G-R-C
16 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 5 Juin 2012 à 08:09
*POEME D’hierChristine de PISAN
1364 – 1430
C’EST DOUCE CHOSE QUE MARIAGE
C’est douce chose que mariage
- je le pourrais par moi prouver
-pour qui a mari,bon et sage
comme dieu me l’a fait trouver.
Loué soit celui qui sauver
Me le veuille car son soutien,
Chaque jour je l’ai éprouvé,
Et certes, le doux m’aime bien.
La première nuit de mariage,
Dès ce moment, j’ai pu juger
Sa bonté, car aucun outrage
Ne tenta qui me dut blesser.
Et avant le temps du lever
Cent fois me baisa, m’en souviens,
Sans vilenie dérober ;
Et certes,le doux m’aime bien.
Il parlait cet exquis langage ;
« dieu m’a fait vers vous arriver,
tendre amie, et pour votre usage,
je crois, il voulut m’élever. »
ainsi ne cessa de rever
toute la nuit en tel maintien,
sans nullement en dévier,
et certes, le doux m’aime bien.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
12 commentaires
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique