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    POEME D’hier

     

    DORAT

    1734 - 1780

     

     

     

     

     

     

     

    LES CHARMES

    DES BOIS

     

     

     

     

     

    Que j’aime ces bois solitaires !

    Aux bois se plaisent les amants ;

    Les nymphes y sont moins sévères,

    Et les bergers plus éloquents.

     

    Les gazons, l’ombre et le silence

    Inspirent les tendres aveux ;

    L’amour est aux bois sans défense ;

    C’est aux bois qu’il fait des heureux.

     

    O vous qui, pleurant sur vos chaînes,

         Sans espoir servez sous ses lois,    

    Pour attendrir vos inhumaines,

    Tachez de les conduire aux bois !

     

    Venez aux bois, beautés volages ;

    Ici les amours sont discrets :

    Vos sœurs visitent les ombrages,

    Les grâces aiment les forets.

     

    Que ne puis je, aimable Glycère,

    M’y perdre avec vous quelquefois !

    Avec la beauté qu’on préfère

    Il est si doux d’aller aux bois !

     

    Un jour j’y rencontrai Thémire,

    Belle comme un printemps heureux :

    Ou son amant, ou le zéphire

    Avait dénoué ses cheveux.

     

    Je ne sais point quel doux mystère

    Ce galant désordre annonçait ;

    Mais Lycas suivait la bergère,

    Et la bergère rougissait.

     

    Doucement je l’entendis même

    Dire au berger plus d’une fois :

    O mon bonheur ! O toi que j’aime !

    Allons toujours ensemble au bois.

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J-G-R-C- 

     

     

     

     

     

     

     


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    *POÈME D’hier

     

    MAURICE SCÈVE

    1501 - 1560

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    DEUX

    GALANTERIES

    ANONYMES

    Du XVIe siècle

     

     

     

     

     

    Il était une fillette

    Qui voulait savoir le jeu de l’amour,

    Un jour qu’elle était seulette

    Je lui en appris deux ou trois tours.

     

    Après avoir senti le goût

    Elle me dit en souriant :

    Le premier coup me semble lourd,

    Mais la fin me semble friand.

     

    Je lui dis : vous me tentez.

    Elle me dit : recommencez.

    Je l’empoigne, je l’embrasse,

    Je la fringue fort.

     

    Elle crie : ne cessez,

    Je lui dis : vous me gâtez

    Laissez moi, petite garce,

    Vous avez grand tort.

     

    Mais quand ce vint à sentir le doux point

    Vous l’eussiez vue mouvoir si doucement

    Que son las cœur en tremble fort et poingt,

    Mais dieu merci ! C’était un doux tourment.

     

     

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J-G-R-C- 

     

     

     

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    *

     

     

     

     

     

    Baisez moi tot ou je vous baiserai,

    Approchez près, faites la belle bouche,

    Ôtez la main, que ce tétin je touche,

    Laissez cela, je vous l’arracherai

    Mon bien m’amour, tant je vous le ferai

    Si faut qu’un jour avecques vous je couche.

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J-G-R-C- 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    *POÈME D'HIER

     

    FRANCIS   JAMMES

     

    1868 – 1938

     

     

     

     

     

     

    Je T’aime  

     

    Je t’aime et ne sais ce que je te voudrais.

    Hier mes jambes douces et claires ont tremblé

    Quand ma gorge t’a touché, lorsque je courrais.

     

    Moi, le sang a coulé plus fort comme une roue,

                              Jusqu’à ‘à ma gorge, en sentant tes bras ronds                                                                                                    et doux

    Luire à travers ta robe comme des feuilles

                                                                         De houx.

     

    Je t’aime et je ne sais pas ce que je voudrais.

    Je voudrais me coucher et je m’endormirais…

    La gentiane est bleue et noire la foret.

     

    Je t’aime, laisse-moi te prendre dans mes bras…

    La pluie luit au soleil sur les arbres du bois…

    Laisse moi t’endormir et tu m’endormiras.

     

    J’ai peur. Je t’aime et ma tête tourne, pareille

      Aux ruches du vieux banc ou sonnaient

                                                              les  abeilles

    qui revenaient gluantes des raisins des treilles.

     

    Il fait chaud. Les blés sont remplis de fleurs rouges

    Couche toi dans les blés et donne moi ta bouche.

    Les mouches bleues au bas de la prairie- écoute ?

     

    La terre est chaude. il y là bas des cigales

    Près du vieux mur ou sont des roses du Bengale,

    Sur l’écorce blanche et rugueuse des platanes.

     

    La vérité est nue et mets toi nue aussi.

    Les épis crépiteront sous ton corps durci

    Par la jeunesse de l’amour qui le blanchit.

     

    Je n’ose pas mais je voudrais être nue ce soir.

    Mais tu me toucherais et j’aurai peur de toi.

    Je serais toute blanche et le soir serait noir.

     

    Les geais ont crié dans les bois car ils aiment.

    Les capricornes luisants s’accrochent aux chênes.

    Les abeilles qui aiment les longs vols blonds             

                                                                          essaiment.

     

    Prends moi entre tes bras. Je ne peux plus

                                                                        qu’aimer

    Et ma chair est en air, en feu et en lumière,

    Et je veux te serrer comme un arbre un lierre.

     

    Les troupeaux de l’automne vont aux feuilles

                                                                                  Jaunes,

    La tanche d’or à l’eau et la beauté aux femmes

    Et le corps va au corps et l’âme va à l’âme.

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J-G-R-C- 

     

     

     

     


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    *POEME D’hier

     

    DE  BONNARD

    1744 - 1784

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    BILLET DU MATIN

     

     

     

     

     

    O mon amie ! O ma maîtresse !

    En croirai je ces vers charmants

    Et cette prose enchanteresse ?

    Que j’aime ta délicatesse,

    Tes transports, tes vœux, tes serments,

    Et tes combats, et ton ivresse !

    Des pleurs échappés de mes yeux

    Ont mouillés ces vers pleins de charmes ;

    Mais qu’ils étaient délicieux !

    Que de volupté dans les larmes !

    Toi que j’aimerais toujours plus,

    Si mes feux dès longtemps accrus

    Pouvaient jamais s’accroître encore,

    N’afflige point par tes refus

    L’amant éprouvé qui t’adore.

    N’en crois que nos vœux et nos cœurs :

    Ne met point l’amour en système.

    Si tu ne dois que de rigueurs

    A l’homme heureux que ton cœur aime,

    Pour qui seront donc tes faveurs ?

    Pour qui seront donc ces caresses.

    Ces appas voilés et secrets,

    Ces baisers d’avant et d’après,

    Ces voluptueuses tendresses

    Qui de l’amour sont les bienfaits ?

    Loin de nous la froide prudence

    Qui veut lire dans l’avenir ?

    L’amour, jaloux de sa puissance,

    Saurait peut être nous punir

    D’une funeste prévoyance.

    Au lieu d’accuser ma constance,

    Couronne la par les plaisirs.

    Dans le sein de la jouissance,

    Redoublons encor de désirs ;

    Et puisque, malgré nos soupirs,

    Le sort nous destine à l’absence,

    Ménageons nous des souvenirs.

     

     

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J-G-R-C- 

     

     

     

     

     

     

     


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    *POÈME D’hier

     

    CLÉMENT  Jean  Baptiste

     

     

    1836 – 1903

     

     

     

     

     

     

    LE TEMPS

    DES CERISES

     

     

     

     

     

    Quand nous en serons au temps des cerises,

    Et gai rossignol et merle moqueur

                            Seront tous en fete.

    Les belles auront la folie en tete

    Et les amoureux du soleil au cœur.

    Quand nous en serons au temps des cerises,

    Sifflera bien mieux le merle moqueur.

     

    Mais il est bien court le temps des cerises,

    Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant

         Des pendants d’oreilles,

    Cerises d’amour aux robes pareilles

    Tombant sous la feuille en gouttes de sang.

    Mais il est bien court le temps des cerises,

    Pendants de corail qu’on cueille en rêvant.

     

    Quand vous en serez au temps des cerises,

    Si vous avez peur des chagrins d’amour

     Évitez les belles.

    Moi qui ne craint pas les peines cruelles,

    Je ne vivrai pas sans souffrir un jour.

    Quand vous en serez au temps des cerises,

    Vous aurez aussi des chagrins d’amour.

     

    J’aimerai toujours le temps des cerises :

    C’est de ce temps là que je garde mon cœur

                                             Une plaie ouverte,

    Et dame fortune, en m’étant offerte,

    Ne saurait jamais calmer ma douleur.

    J’aimerai toujours le temps des cerises :

    Et le souvenir que je garde au cœur.

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J-G-R-C- 

     

     

     

     

     

     


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    *POEME D’hier

     

    DORAT

    1734 - 1780

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    J’AI DES MŒURS

     

     

     

     

     

    Oui, quoiqu’au siècle dix huitième,

    J’ai des mœurs, j’ose m’en vanter.

    Je sais chérir et respecter

    La femme de l’ami qui m’aime.

     

     

    Si sa fille a de la beauté,

    C’est une rose que j’envie ;

    Mais la rose est en sûreté

    Quand l’amitié me la confie.

     

     

    Apres quelques faibles soupirs,

    Je me fais une jouissance

    De sacrifier mes désirs ;

    Et ne veux pas que mes plaisirs

    Coûtent les pleurs de l’innocence.

     

     

    Mais il est des femmes de bien,

    Femmes, qui plus est, d’importance

    (Et, dieu merci, sans conséquence),

    Qui, pour peu qu’on ait un maintien,

    Vous traitent avec indulgence,

    Et vous dégagent du lien

    D’une gothique bienséance.

     

     

    De ces dames là, j’en conviens,

    J’use ou j’abuse en conscience

    Sans jamais me reprocher rien ;

    Le mari même m’en dispense.

     

     

    Je sais trop ce que l’on leur doit

    Pour me permettre un sot scrupule ;

    C’est une bague qui circule

    Et que chacun met à son doigt.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

     

     


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    *POÈME D’hier

     

    DORAT

    1734 - 1780

     

     

     

     

     

    LES BAISERS :

    L’ETINCELLE

     

     

     

     

    Donne moi, ma belle maîtresse ;

    Donne moi, disais je, un baiser,

    Doux, amoureux, plein de tendresse…

    Tu n’osas me le refuser.

    Mais que mon bonheur fut rapide.

    Ta bouche à peine, souviens t’en,

    Eut effleuré ma bouche aride,

    Elle s’en détache à l’instant.

    Ainsi  s‘exhale une étincelle.

    Qui, plus que tantale agité,

    Je vois, comme une onde infidèle,

    Fuir le bien qui m’est présenté.

    Ton baiser m’échappe, cruelle !

    Le désir seul m’en est resté.

     

     

     

     

     

     

    Diffusion François Beauval

    1ér trimestre 1975

     

    J G R C

     

     

     

    LES 2 ALPES  1/6  08/2006    16/05/2014 

     

     

    31 MAI 2014

    OUVERTURE DU

    11ème FESTIVAL

    PHOTO

    LA  GACILLY

     

     

     

     


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